Nouvelles du Liban
Chœur Patriarcal de Saint Stephanos le mélode
25 7 2012
Chœur Patriarcal de Saint Stephanos le mélode
Une tournée estivale dans un pays de cocagne : La France
Un rêve qui se réalise !
Une tournée estivale dans un pays de cocagne : La France
Un rêve qui se réalise !
Je vais essayer de résumer au mieux notre séjour en France, mais il y a tant de choses à dire que les dimensions de ce modeste article ne permettent pas de tout raconter !
Le chœur saint Stéphanos le mélode, un rêve qui se réalise…
Après plusieurs concerts nationaux très remarqués, nous avons senti que c'était le moment, pour notre chœur, d'aller à la conquête de la France. « La voix des anges », était le titre donné à nos concerts, qui allait nous accompagner tout au long de ce périple de vingt-deux jours.
« Sept fois par jour je te loue, Seigneur, pour tes justes jugements », sept concerts partout en France, dans lesquels nous avons loué le Seigneur, à Marseille, Paris, Aubazine, Rocamadour, Sylvanès : tel était le programme. Le but ultime de notre voyage était d’offrir un panorama complet de la musique byzantine, à travers la diversité des modes, des temps liturgiques et des offices, le tout en alternant entre les langues grecque, arabe... et même française.
Après plusieurs mois de préparation, les visas et tous les documents nécessaires finissent par être prêts. Le départ de l’avion est prévu à l’aéroport de Beyrouth le mercredi 25 juillet 2012 à 18h.
L’avion a atterri enfin, après 4 heures de voyage, à l’aéroport de Marseille, ce qui a été l'occasion de nos premiers exercices linguistiques. Á Marseille-Marignane nous attendait le R.P. Antoine Forget (Tony Haddad) avec quelques-uns de ses paroissiens, pour nous véhiculer, avec nos valises géantes, au presbytère, là où nous devrons nous installer durant nos six premiers jours et nuits, pour donner deux concerts et animer une divine liturgie.
Il y eu d'abord quelques répétitions indispensables pour se préparer au premier concert. C’était à la basilique du Sacré Cœur – une paroisse latine, où le père Jean-Pierre Allul s'est montré très accueillant. Malheureusement la publicité pour ce concert, quelque peu artisanale par la force des choses, a eu assez peu d'écho. Par conséquent il n’y avait pas grand monde ce soir-là, une soixantaine de personnes environ. Disons que ce n’était pas mal pour un premier pas !
Le second concert a eu lieu à Saint Nicolas de Myre – notre paroisse à Marseille. Le père Forget, plein d’enthousiasme, l'avait bien préparé. Là, nous fument très satisfaits. L'assistance était bien équilibrée entre Orientaux (libanais, syriens) et Français venus pour nous écouter. Le concert terminé, les dames de la paroisse – à la libanaise – ont arrangé un sympathique repas.
On ne peut éviter, à Marseille, de visiter la « Harissa » phocéenne, notre Dame de la Garde, monument emblématique de la ville, qui veille sur les marins, les pêcheurs et tous les Marseillais. Je n’oublierai jamais le panorama qui s’est offert à nous du haut de cette colline.
Nous avons de même visité le Vieux-Port, le nord de Marseille, l’Abbaye saint- Victor, les quartiers de la plage et d’autres encore.
Pour ce qui est du logement, père Antoine s'est montré très accueillant, chaleureux et généreux… en un seul mot, Libanais ! Nous avons quitté Marseille par TGV en prenant la direction de Paris, la ville des rêves.
Arrivés à Paris un mardi après-midi, nous nous sommes provisoirement installés dans une école, pour une nuit, avant d'aller dans notre lieu d'hébergement définitif, dont nous ne savions pas encore s'il consisterait à être répartis dans les maisons de paroissiens de Saint Julien le Pauvre ou en un hébergement collectif. Il y avait de toute évidence un problème de coordination. Pour finir, le chœur Patriarcal a été reçu au 5ème étage à l’institut Hospitalier Franco-Britannique à Levallois aux portes de Paris où nous attendaient des chambres pour deux personnes.
Paris est sans doute l'une des villes les plus belles que j'ai jamais visitées dans ma vie, point de vue organisation, ordre, tourisme…
Pour ce qui est des concerts, nous avons dû faire face à un très malheureux concours de circonstance, qui nous a décontenancés. Il se trouve que l'église Saint Julien le Pauvre s'est trouvée être fermée, pour causes de travaux sur l’iconostase, précisément la semaine où nous devions donner nos concerts ! Là encore, il y avait un gros problème de coordination. Privés de l'assistance de touristes qui constituent le public des concerts estivaux à Saint Julien, nous avons dû nous rabattre sur deux paroisses latines : Saint François de Salle et Saint Augustin. Malgré les efforts considérables du diacre Rami Wakim, que je remercie ici pour son dévouement sans bornes, pour nous faire le maximum de publicité, l'assistance était maigre : une cinquantaine de personnes, à chaque fois, s’étaient rassemblées pour y assister, ce qui, dans le cadre de la ville-lumière, était assez décevant pour nous.
Le dimanche 5, nous avons chanté la messe de la Transfiguration du Christ en arabe avec la paroisse de saint Julien le Pauvre, présidée par son curé le R.P. Charbel Maalouf. C’était une belle célébration en particulier avec l’harmonisation entre le chœur, le R.P. Fahmé et le R.P. Maalouf.
Nous en avons néanmoins profité pour visiter les grands sites touristiques, tel que les Champs Elysées, la Tour Eiffel, l’Arc de Triomphe, le Jardin du Luxembourg, la Fontaine Saint Michel, la Cathédrale Notre Dame de Paris, le Musée du Louvre etc. Ce qui fait que le temps a passé rapidement. Il nous a fallu quitter Paris pour aller à Aubazine, pour la dernière série de concerts, le premier à Rocamadour, le second à Aubazine et le dernier à Sylvanès.
À Aubazine, nous avons été reçus comme des rois. Le logement nous était réservé dans la partie historique de l’Abbaye melkite d’Aubazine. Que dire ? Paysages magnifiques, temps splendide, sites naturels superbes, organisation impeccable.
Nos premiers pas à Aubazine, ont été la liturgie en grec à l’abbaye d’Aubazine avec une superbe acoustique. Quelques dizaines de personnes assistaient à cette liturgie présidée par l’Hiéromoine Elisée. Pour la première fois nous avons essayé et réussi à chanter sans micros !
Le premier concert était à Rocamadour, un des sites religieux les plus visités en France, là où sont vénérés la Vierge Noire et le tombeau de l'ermite Saint Amadour. Je n’oublierai jamais l’escalier monumental et gigantesque, ou encore le chemin de croix à flanc de falaise que nous avions emprunté en descendant vers la basilique, lieu du récital. Ce dernier s’est bien passé, nous étions satisfaits de sa qualité, ainsi que de l'assistance, assez nombreuse au final, bien qu'en partie intermittente : la basilique reste, même pendant les concerts, un lieu de tourisme et de pèlerinage.
Le temps du second concert s’approchant, nous avons doublé la fréquence des répétitions, afin d’être prêts pour un événement très spécial : l'enregistrement d'un CD audio. Tout le monde était un peu nerveux à cette perspective, puisque la performance du chœur devait y être, sinon fixée pour l'éternité, du moins gravée dans le polycarbonate. Comme souvent dans les grandes occasions, fortifiés par la force de l’Esprit, tout s'est passé au mieux. Après le concert, nous nous sommes précipités pour écouter quelques extraits de l’enregistrement, ce qui nous a rassurés et nous fait oublier tout le stress qui avait précédé.
Par ailleurs, nous avons visité l’ermitage du R.P. Archimandrite Élisée. Pour y accéder, il a fallu grimper une centaine de mètres à pieds sur un chemin assez escarpé. Nous avons poursuivi par une longue marche, en grande partie au cœur de la forêt, pour accéder au point culminant de la commune d'Aubazine : un magnifique point de vue à 360°. Nous avons terminé ce véritable exode par la visite du fameux « canal des moines ». Le tout était accompagné, bien sûr, de quelques bons fous rires !
Dans la même région, nous avons visité un petit musée d’une grande importance, là où a été découvert et identifié le premier squelette d'un homme de Néandertal : celui de la Chapelle aux Saints. Nous avons continué notre sortie en direction de la Dordogne, un fleuve impressionnant, sur les berges duquel nous avons pique-niqué, P. Élisée nous faisant goûter le succulent pâté préparé par sa mère ainsi qu'une spécialité digne d'Astérix et Obélix : un civet de sanglier.
Ce qui, pour moi, a été le plus frappant à Aubazine, ce sont les prières liturgiques présidées par le hiéromoine Élisée et animées par les sœurs Christophora et Anne, qui chantaient en français. Quel zèle, malgré leur âge ! Que le Seigneur les protège.
« Que du bonheur ! », comme on dit. Des souvenirs incroyables et des paysages d’une beauté à couper le souffle. Aubazine, c’est un site naturel magnifique, et père Elisée nous a fait partager des moments magiques.
Vint alors le temps du dernier concert, qui devait être le clou de la tournée. L’abbaye de Sylvanès, un haut lieu de culture, d’art et de spiritualité, nous a reçus avec ses 350 auditeurs. Ce concert faisait partie du 35ème festival international de musique sacrée. Je profite de ses lignes pour remercier Mr. Michel Wolkowitsky de nous avoir invités et, avec toute sa sympathique équipe, de nous avoir si bien accueillis, avant de reprendre la route pour Marseille, là où devait se terminer notre séjour en France. Nous avons donc continué notre chemin vers le sud : quatre heures de voiture, c’était fatiguant !
Enfin, retour à Marseille et dernière soirée avec le R.P. Élie Saliba, la veille de la fête de la Dormition. Quelques-uns d'entre nous ont participé à l'énorme procession vers Notre Dame de la Garde organisée par les paroisses de Marseille pour l'occasion.
Je n’oublierai jamais ceux qui ont contribué à la réussite de ce grand projet, le Rev. Archimandrite Élisée Marzin, le R.P. Antoine Forget, le R.P. Charbel Maalouf, le diacre Rami Wakim, le protopsalte Bachir Osta, qui nous ont supportés tout le long de ces vingt-deux jours.
Tout au long de ce périple, nous n’avons rencontré que des gens chaleureux, accueillants, souriants, courtois. La France est un pays dans lequel il fait bon vivre, un pays incroyablement accueillant et attachant. Merci la France ! S'il ne tenait qu'à moi, j'y retournerai !
En revanche, le retour à la réalité fut rude, à commencer par les problèmes à l’aéroport de Marseille dus au poids excessif des bagages ; mais surtout le retour à la routine quotidienne après ces jours exceptionnels…
Jean-Pierre Fadel