Patriarche Youssef

Lettre de Noël 2011

24 12 2011






Communion et témoignage
 

  
La communion et le témoignage sont deux expressions de la profondeur de la pensée chrétienne, de la théologie, de l'enseignement de l'Eglise et de sa présence dans la société. Qui plus est, les deux mots sont le noyau et le cœur de l'enseignement de Jésus-Christ dans le Saint Evangile, et sont la meilleure expression du mystère de l'Incarnation divine que nous célébrons dans la glorieuse Fête de Noël.
Le christianisme commence avec le Christ Jésus, Dieu et homme, une des trois Personnes de la Trinité divine, par la fondation de la communion à travers le mystère de la Trinité, qui est le modèle suprême de la communion magnifique entre Dieu et l'homme en la personne de Jésus-Christ, qui est venu "ramener à l'unité les enfants de Dieu dispersés" (Jean 11, 52) et "réconcilier (...) tous les êtres et sur la terre et dans les cieux" (Colossiens 1, 20). Je crois que c'est là le vrai sens profond et entier des souhaits que nous exprimons par le chant des anges à Beit Sahour, au Champ des Bergers, par des mélodies extrêmement belles, et par les milliers de langues des hommes, leur art, leur musique, leur peinture et leurs prières. C'est l'hymne éternelle, que connaissent tous les chrétiens croyants, les petits et les grands, que connaissent et répètent même nos frères musulmans dans les rencontres avec leurs frères chrétiens et lors de l'échange des souhaits de bonne fête à l'occasion de Noël: "Gloire à Dieu au plus haut des cieux, paix sur la terre aux hommes qu'Il aime!" (Luc 2, 14).
Cette hymne est l'expression magnifique de la communion et de son contenu. Toi, homme, tu reflètes la gloire de Dieu sur la terre; tu obtiens par là la paix et tu répands la joie et le bonheur parmi les autres hommes. C'est par cette hymne que commence la bonne nouvelle chrétienne, qui appelle à l'unité cosmique, laquelle est l'unité de Dieu, l'unité du genre humain.
C'est ainsi que finit la bonne nouvelle de l'Evangile, qui est le canon du christianisme et des chrétiens, par l'envoi, la mission et l'appel à donner le témoignage. C'est ainsi que Jésus-Christ adresse son appel, son commandement et son testament à ses saints Apôtres après sa Résurrection glorieuse et avant son Ascension au ciel, en disant (Matthieu 28, 19-20): "Allez donc. De toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et moi, je suis avec vous, pour toujours, jusqu'à la consommation des temps".
Nous trouvons ce même commandement à la fin de l'Evangile selon Saint Marc, lorsqu'Il dit: "Allez dans le monde entier, proclamez l'Evangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, celui qui ne croira pas sera condamné" (Marc 16, 15-16). Et Saint Marc ajoute: "Ils partirent prêcher partout avec l'assistance du Seigneur qui confirmait la Parole par les signes qui l'accompagnaient" (Marc 16, 20).
Ce même commandement, le Christ le répète en faisant ses adieux, dans l'Evangile selon Saint Luc (Luc 24, 46-49): "Ainsi était-il écrit que le Christ souffrirait et ressusciterait d'entre les morts le troisième jour, et qu'en son Nom le repentir en vue de la rémission des péchés serait proclamé à toutes les nations, à commencer par Jérusalem. De cela vous êtes témoins. Pour moi, voici que je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. Vous, donc, demeurez dans la ville, jusqu'à ce que vous soyez revêtus de la force d'en Haut".
Le même commandement est donné, avec une autre expression, dans l'Evangile selon Saint Jean, l'Evangéliste bien-aimé (Jean 20, 21-23): "Paix à vous. Comme le Père m'a envoyé, mois aussi je vous envoie. (...) Recevez l'Esprit-Saint; les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez, ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez".
L'Evangéliste Saint Jean exprime la même chose, au sujet de la mission et du témoignage, en racontant l'événement de la pêche miraculeuse, lorsque le Christ dit à ses Apôtres, dont quelques-uns étaient eux-mêmes des pêcheurs, sur le lac de Tibériade, en Galilée: "Jetez le filet du côté droit, et vous trouverez". Saint Jean ajoute: "Ils le jetèrent, et ils ne pouvaient plus le tirer, tellement il y avait de poissons" (Jean 21, 6). C'est là la réalisation de la promesse que Jésus-Christ a faite à ses disciples, en les appelant, au début de sa mission et de sa prédication, lorsqu'Il dit à Pierre et à son frère André: "Je vous ferai pêcheurs d'hommes" (Matthieu 3, 19; Marc 1, 17; cf. Luc 5, 10).
On peut dire, en outre, que Jésus Lui-même a exercé ses Apôtres et ses disciples à l'apostolat, pendant sa vie et ses randonnées dans les villes et les villages de Palestine: "Il se mit à les envoyer deux par deux" (Marc 6, 7). Et Il leur disait: "La moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux. Priez donc le Maître de la moisson d'envoyer des ouvriers à sa moisson" (Matthieu 9, 37-38; Luc 10, 2; cf. Jean 4, 35-38).
Il est bon de voir que l'Assemblée Spéciale pour le Moyen-Orient (la région qui est le vrai berceau du christianisme) du Synode des Evêques avait pris comme devise les deux mots qui sont le symbole et la clef de la mission du Saint Evangile, car les chrétiens du Proche-Orient sont les dépositaires de cette mission, appelés à cette vocation.
Ils doivent vivre leur foi dans leur société arabe à majorité musulmane, et cela dans le cadre de la communion, de l'union, de la solidarité, de l'entraide et de l'harmonie, afin qu'ils soient capables de porter témoignage et de présenter la bonne nouvelle de l'Evangile dans et pour leur société.
 Il y a un autre sujet qui est en rapport avec notre lettre de Noël pour cette année 2011. C'est le prochain Synode des Evêques qui a été convoqué par Sa Sainteté le Pape Benoît XVI, qui sera tenu à Rome au mois d'octobre 2012, deux ans après l'Assemblée Spéciale pour le Moyen-Orient, et dont le sujet sera la "Nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne". On peut presque dire que ce Synode de 2012 est vraiment la continuation de l'Assemblée Spéciale de 2010. En effet, le chrétien oriental est appelé à la communion et au témoignage, et à porter le message de l'Evangile, toujours nouveau, attrayant, efficace, impressionnant et clair, à sa société dans tous ses versants, ses communautés, ses aspects et ses défis.
 
 
 

La communion dans la première communauté chrétienne
 


 
       Les Apôtres et les premiers chrétiens ont senti l'importance de la communion après l'Ascension de Notre Seigneur Jésus-Christ au ciel. En cela, ils ont voulu répondre à la prière de leur divin Maître: "Que tous soient un, (...) pour que le monde croie" (Jean 17, 21). C'est ce que nous trouvons dans les Actes des Apôtres, qui nous donnent la description de la vie de la première communauté chrétienne.
En effet, ils ont tenu à conserver le nombre symbolique très important des douze Apôtres, et le premier acte communautaire qu'ils ont accompli dans le Cénacle, où ils avaient célébré avec leur Maître, avant sa Passion, la Cène mystique de l'Eucharistie, le mystère du pain et du vin, a été l'élection de Matthias pour prendre la place de Judas, l'Apôtre traître, et ainsi il est devenu l'un des Douze (Actes 1, 15-26).
Cela eut lieu dans ce même Cénacle où le Saint-Esprit était descendu sur les Apôtres et sur Marie, la Mère de Jésus, et d'autres qui étaient présents, dont des femmes.
Ici, on voit que la communion ecclésiale embrasse non seulement les Apôtres et les disciples, mais aussi des hommes et des femmes, les fidèles croyants et croyantes qui se sont réunis dans la première communauté chrétienne.
La communion est apparue aussi lorsque le Saint-Esprit est descendu sur tous, et le premier fruit de la communion dans le Saint-Esprit fut la langue commune, la langue comprise par tous, bien qu'ils fussent divers par leurs langues, leurs cultures et leurs patrimoines.
La communion est apparue également dans le discours de Saint Pierre aux Onze, et les Apôtres prêchaient ensemble par la bouche de Pierre, qui a prononcé la première prédication dans l'histoire du christianisme (Actes 2, 14-36).
La communion s'est aussi manifestée dans le visage de l'Eglise à son berceau. C'est ce qu'a bien décrit Saint Luc, auteur des Actes des Apôtres, au chapitre 2, d'une manière très belle, en ces termes:
"Ils se montraient assidus aux instructions des Apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. La crainte s'emparait de tous; car il se faisait par les mains des Apôtres beaucoup de prodiges et de signes. Tous les croyants vivaient unis et mettaient tout en commun; ils vendaient biens et propriétés et en partageaient le prix entre tous selon les besoins de chacun. Tous les jours, d'un même cœur, ils fréquentaient assidûment le Temple et, rompant le pain dans leurs maisons, ils prenaient leur nourriture avec allégresse et simplicité de cœur; ils louaient Dieu et avaient la faveur de tout le peuple. Et chaque jour le Seigneur augmentait considérablement le nombre des sauvés" (Actes 2, 42-47).
Nous trouvons, dans le chapitre 4 des Actes des Apôtres, une autre très belle description de la vie et de la communion des premiers chrétiens, qu'on peut résumer par ce verset, qui a été la devise de l'Assemblée Spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des Evêques: "La multitude des croyants n'avait qu'un seul cœur et qu'une âme" (Actes 4, 32). Saint Luc continue en exprimant en détail cette communion: "Nul n'appelait sien ce qui lui appartenait, mais entre eux tout était commun. Les Apôtres rendaient témoignage avec beaucoup de force à la Résurrection du Seigneur Jésus, et une grande grâce était sur eux tous. De fait il n'y avait aucun indigent parmi eux; car tous ceux qui possédaient des terres ou des maisons les vendaient et apportaient le prix de la vente pour le déposer aux pieds des Apôtres; et on le distribuait à chacun suivant ses besoins" (Actes 4, 32-35).
Dans les Actes des Apôtres, nous trouvons un autre exemple très beau de la communion. C'est la prière des Apôtres et des fidèles ensemble dans les heures de difficultés qu'a affrontées la communauté naissante à son berceau. C'est le texte, un peu long, des Actes (4, 24-30, avec citations des Psaumes 146, 6 et 2, 1-2):
"Tous d'un même cœur élevèrent la voix vers Dieu: 'Maître – dirent-ils – c'est Toi qui as fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu'ils contiennent; c'est Toi qui as dit par l'Esprit-Saint et par la bouche de notre père David, ton serviteur: 'Pourquoi les nations ont-elles frémi? Pourquoi les peuples ont-ils formé de vains complots? Les rois de la terre se sont concertés, les princes se sont ligués ensemble contre le Seigneur et contre son Oint. Oui, c'est bien une ligue qu'Hérode et Ponce Pilate ainsi que les nations et les peuples d'Israël ont formée dans cette ville contre ton saint serviteur Jésus, ton Oint, accomplissant ainsi tout ce que ta main et ton conseil avaient arrêté d'avance. Et maintenant, Seigneur, considère leurs menaces, et donne à tes serviteurs d'annoncer ta Parole avec une parfaite assurance: étends ta main pour qu'il se fasse des guérisons, signes et prodiges, par le Nom de ton saint serviteur Jésus'".
Je m'excuse de citer ce long passage, mais c'est un texte extrêmement beau, qui décrit le besoin de l'Eglise, hier et aujourd'hui et toujours, de la prière en commun, surtout dans les jours difficiles, dans les persécutions, les souffrances, les vexations, les soucis, qui peuvent entraver la marche des fidèles. Comme nous avons besoin, aujourd'hui, de cette prière en commun dans les circonstances par lesquelles passent nos pays arabes, où tous sentent qu'ils ont peur de ce qui va venir et de ce que va enfanter l'avenir proche, qui semble sombre!
Le zèle des Apôtres et de la première communauté à conserver la communion et l'union entre les fidèles apparaît dans la fondation de l'ordre des diacres, avec à leur tête Saint Etienne, afin d'assurer le service de communion et de charité envers la communauté croissante (cf. Actes 6, 1-7).
La communion apparaît encore dans tous les chapitres des Actes des Apôtres, qu'on peut appeler vraiment l'Evangile de la communion et du témoignage. De nouveau, nous voyons l'Eglise prier en commun, dans une communion spirituelle avec Pierre, qui gît dans la prison du roi Hérode, "tandis que l'Eglise priait Dieu pour lui sans relâche" (Actes 12, 5). Quand Dieu a accompli le miracle et a libéré Saint Pierre de la prison, "il se dirigea vers la maison de Marie, mère de Jean surnommé Marc, où un assez grand nombre de frères se trouvaient réunis et priaient" (Actes 12, 12).
Et Saint Luc de conclure sa description de la vie de la première communauté, avant de passer au récit des actes de Paul, en notant que, dans cette communauté, à travers les persécutions, avec la prière et la prédication, "la Parole de Dieu croissait et progressait" (Actes 12, 24).
La communion ecclésiale resplendit en son sommet à la suite de différends dans la première communauté au sujet de l'accueil des païens et de leur acceptation dans la communauté, et cela à travers la tenue du premier concile chrétien, celui de Jérusalem, avant les grands conciles œcuméniques qui suivirent; on peut l'appeler le concile apostolique.
Saint Luc le décrit au chapitre 15; il y rapporte les paroles de quelques participants, dans la discussion au sujet de l'accueil des païens et de ce que l'on doit leur imposer ou non. Parmi ces interventions, il y a celles de Pierre, de Barnabé, de Paul, de Jacques et d'autres. Lorsqu'il mentionne "les Apôtres, les anciens et toute l'Eglise" (Actes 15, 22), cela veut dire des laïcs, croyants et croyantes, qui ont participé à la discussion sur ce sujet très important dans l'histoire de l'Eglise et dans l'orientation de sa marche et son ouverture sur le monde païen.
On lit, dans la décision conciliaire, la première dans l'histoire des conciles de l'Eglise, cette phrase excellente, très belle: "L'Esprit-Saint et nous-mêmes avons décidé..." (Actes 15, 28).
Cependant, l'Eglise savait bien que le plus grand danger qui la menaçait était celui de perdre la communion et l'unité. Pour cette intention, Saint Paul a prié, dans son discours très touchant en faisant ses adieux à l'Eglise d'Ephèse (Actes 20, 28-30 et 32): "Prenez garde à vous-mêmes et à tout le troupeau dont l'Esprit-Saint vous a institués épiscopes pour paître l'Eglise de Dieu, cette Eglise qu'Il s'est acquise de son propre sang. Je sais qu'après mon départ il s'introduira parmi vous des loups cruels qui n'épargneront pas le troupeau, et qu'il surgira du milieu même de vous des hommes qui, par leurs discours pervers, essaieront d'entraîner les disciples à leur suite. (...) Et maintenant, je vous confie au Seigneur et à la Parole de sa grâce, qui a le pouvoir d'édifier et de vous donner votre part d'héritage avec tous les sanctifiés".
Nous remarquons, à travers le sens de l'expérience de la communion dans les Actes des Apôtres et dans la vie de l'Eglise primitive, que la communion et le témoignage sont très liés entre eux, de sorte que, dans la mesure où la communion est forte, profonde et bien soutenue, le témoignage est aussi fort, efficace, impressionnant et fructueux.
Nous ne voulons pas citer cela pour chanter les gloires du passé, mais pour dire que l'homme croyant doit se soutenir par sa foi et ses valeurs afin de pouvoir surmonter les difficultés et affronter les crises.
Nous voulons aussi mentionner tout cela afin d'aider nos fils et nos filles, tous nos fidèles, à avoir la sagesse, la prudence et la patience, et ainsi ressembler à ceux qui nous ont précédés, sans peur, et ne pas être entraînés par les courants destructeurs.
L'Eglise primitive a ainsi vécu la communion dans les bons temps et les mauvais temps, dans des conditions de vie très différenciés, dans la prière, dans les supplications, dans la célébration de la fraction du pain, dans le partage des biens, dans l'aide aux pauvres et à tous ceux qui étaient dans le besoin, dans les difficultés, les calamités, la famine et les persécutions.
Ainsi, la communion était une expérience quotidienne et un style de vie pratique pour résoudre les difficultés et les problèmes de la première communauté chrétienne. C'était une communion spirituelle, pratique et efficace.

 
 

La communion dans les Epîtres
 

 
Dans les Actes des Apôtres nous avons découvert l'expérience de cette communion. Nous allons trouver, dans les Epîtres de Saint Paul, et aussi dans celles des autres Apôtres, l'enseignement théorique et pratique au sujet de cette communion, et spécialement chez Saint Paul, qui insiste beaucoup sur elle et qui combat toutes sortes de divisions, de disputes et de schismes dans les Eglises qu'il a fondées, à Antioche, en Asie Mineure (l'actuelle Turquie) et en Grèce.
De plus, Saint Paul a pratiqué la communion ecclésiale à travers sa méthode apostolique, qui s'appuie sur la vraie communion, l'esprit communautaire ou synodal, sur l'entraide et la solidarité, en appelant les fidèles à les pratiquer. C'est ce que Nous avons montré et éclairci dans notre quatrième lettre pour l'Année de Saint Paul, en juin 2009, sous le titre "Les collaborateurs de Paul", et aussi dans notre lettre de Noël sur la pauvreté et le développement en 2003.
Pour éclaircir tout cela, Nous voulons exposer ce qu'on lit, au sujet de la communion, chez Saint Paul. Il dit que nous, les forts, nous devons supporter et aider les faibles, et, de fait,  il a travaillé, d'une manière excellente, à recueillir les offrandes des Eglises de Rome, d'Asie, de Cappadoce, pour les pauvres de Jérusalem. La communion, à travers le service et le soutien matériel, financier et autre, est l'un des premiers soucis et préoccupations de Saint Paul. Celui qui lit ses Epîtres réalise tout cela (cf. Romains chapitre 15, et 2 Corinthiens).
Pour ce qui se rapporte à ce que dit Saint Paul sur la communion, la solidarité, l'entraide et le refus de toute sorte de schisme, nous voyons que cela est dans le fin fond de ses enseignements et d'une grande partie de ses Epîtres. Nous voulons passer en revue ici quelques passages, surtout dans les Epîtres aux Corinthiens et celle aux Ephésiens.
Dans la Première Epître aux Corinthiens, Saint Paul lance une attaque contre les ennemis de la communion (1 Corinthiens 1, 10-13). Il retourne au même sujet à propos des différences entre Paul et Apollos au chapitre 3, dans lequel il attire l'attention sur l'envie et la discorde (1 Corinthiens 3, 3). Il passe en revue quelques cas pratiques de conscience pour lesquels les Corinthiens sont en désaccord sur la façon de les traiter; ils sont divisés à cause et à l'égard de ces cas.
Tout cela est un prélude aux deux chapitres extraordinairement beaux, dans l'enseignement de Saint Paul, sur la communion et l'unité entre les fidèles; ce sont les chapitres 12 et 13.
Dans le chapitre 12, Saint Paul parle des dons spirituels très différents, mais qui ont tous une seule origine: c'est Dieu, qui est un. Et leur point commun est l'unité et la communion entre les fidèles, qui doivent employer ces dons pour le bien de la communauté. Saint Paul compare la communauté au corps, et il montre, avec une grande éloquence, le rapport entre l'Eglise et le corps, la communauté dans l'Eglise et dans le corps.
Il suffit de citer ce passage très court et très expressif: "De même en effet que le corps est un, tout en ayant plusieurs membres, et que tous les membres du corps, en dépit de leur pluralité, ne forment qu'un seul corps, ainsi en est-il du Christ. Aussi bien est-ce en un seul Esprit que nous avons tous été baptisés pour ne former qu'un seul corps, Juifs ou Grecs, esclaves ou hommes libres, et tous nous avons été abreuvés d'un seul Esprit" (1 Corinthiens 12, 12-13).
Saint Paul arrive au sommet de son enseignement sur la communion et l'unité dans le fameux chapitre 13, dans lequel il démontre que la charité est la base de la communion ecclésiale et l'expression la meilleure et la plus sublime de cette communion. La charité est au-dessus de tous les dons, de tous les offices, de tous les titres et de tous les services.
Nous savons tous les termes de cette hymne à la charité, qui commence ainsi: "Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas la charité, je ne suis plus qu'airain qui sonne ou cymbale qui retentit" (1 Corinthiens 13, 1).
La charité est donc à la base de la communion qui unit pratiquement tous les dons et fait que ces dons soient au service du corps, de la communauté, de la société, de l'Eglise, de la paroisse, etc. En effet, la charité est au-dessus de la prophétie, de la science, de la foi, de l'aumône et même du sacrifice de la propre vie (1 Corinthiens 13, 2-3). Plus loin, nous voyons aussi Saint Paul passer en revue les attributs de la charité efficace, et il conclut par cette expression: "La charité ne passe jamais" (1 Corinthiens 13, 8). Il ajoute: "Bref, la foi, l'espérance et la charité demeurent toutes les trois; mais la plus grande d'entre elles, c'est la charité" (1 Corinthiens 13, 13).
Dans l'Epître aux Ephésiens, il y a des appels répétés à cette communion qui est fondée sur la charité, et à la charité qui est le lien de la perfection et la base de la communion entre les fidèles. Saint Paul prie à genoux pour les fidèles d'Ephèse afin qu'ils soient profondément "enracinés sur la charité et fondés sur elle" (Ephésiens 3, 17).
Après cela, il y a un appel très fervent à l'unité: "Je vous exhorte donc, moi le prisonnier dans le Seigneur, à mener une vie digne de l'appel que vous avez reçu, en toute humilité, mansuétude et patience. Supportez-vous avec charité les uns les autres; appliquez-vous à conserver l'unité d'esprit par le lien de la paix. Il n'y a qu'un corps et qu'un Esprit, puisque aussi bien vous avez été appelés par votre vocation à une seule espérance. Il n'y a qu'un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême; il n'y a qu'un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, agit en tous, est en tous" (Ephésiens 4, 1-6).
A travers cette lecture des Actes des Apôtres et des Epîtres de Saint Paul, nous voyons que la communion qui est fondée sur la charité est celle qui a marqué la vie de l'Eglise primitive, son expérience existentielle et son saint enseignement.
Nous avons parlé de la communion entre les fidèles. Cependant, cette communion est, bien entendu, comme Nous l'avons dit au début de cette lettre, fondée sur la communion de la Sainte Trinité, sur l'unité de Dieu Créateur et sur la communion en Jésus-Christ, surtout à travers les saints sacrements qui donnent aux fidèles la possibilité de vivre le mystère du Christ dans la communauté croyante.


 

Le témoignage dans la première communauté chrétienne
 


  
Nous lisons, au début des Actes des Apôtres, ce qui, à vrai dire, nous donne les dernières paroles du Christ à ses Apôtres avant son Ascension au ciel, et qui sont un appel au témoignage: "Avec le Saint-Esprit qui descendra sur vous, vous recevrez de la force, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre" (Actes 1, 8).
Il est intéressant de noter que le début du premier chapitre des Actes des Apôtres est lu le jour de Pâques dans les Eglises de tradition gréco-byzantine. En effet, avec la Résurrection du Christ commence la mission de chaque fidèle qui croit au Christ, car il est exigé de lui qu'il soit "toujours prêt à répondre à quiconque (lui) demande raison de l'espérance qui est en (lui)" (1 Pierre 3, 15), c'est-à-dire l'espérance de la Résurrection, de la foi en la Résurrection, fondement de notre foi chrétienne.
La première communauté chrétienne, encore réduite au "petit troupeau", a vécu le témoignage avec la communion. Bien que cette Eglise ait dû affronter la persécution très cruelle du Sanhedrin juif et de l'Empire païen, il faut noter la réalité extraordinaire et miraculeuse du fait que les persécuteurs eux-mêmes sont ceux qui ont aidé de quelque façon à répandre la foi chrétienne dans toutes les régions où se sont dispersés les chrétiens à travers les siècles dans l'Empire romain hellénique, dans l'Orient aujourd'hui arabe; on voit aussi que, du fait que l'Empire romain païen, qui s'étendait de l'Orient à l'Occident et de l'Occident à l'Orient, n'avait pas de frontières internes, cela a beaucoup facilité les déplacements des Apôtres de l'Orient vers l'Occident. Cela a beaucoup aidé aussi à la propagation du christianisme, et a aidé la communauté chrétienne primitive à porter le témoignage de Jésus-Christ et des valeurs de l'Evangile dans le monde païen. Ainsi se réalise le Psaume 19 (verset 5): "Leur voix se répand par toute la terre, leurs paroles retentissent jusqu'aux confins du monde".
En partant de leur devoir de témoignage, les Apôtres, aussitôt après l'Ascension de leur Maître, le Seigneur Jésus-Christ, se sont empressés d'élire Matthias à la place de Judas, comme nous l'avons lu dans les Actes des Apôtres, afin qu'il soit, avec eux, "témoin de la Résurrection" du Christ (Actes 1, 22), et afin qu'il succède à Judas dans son service et sa mission (Actes 1, 25).
Le témoignage et la mission ont commencé aussitôt après la descente de l'Esprit-Saint, le cinquantième jour après la Résurrection, au Cénacle de Sion, à Jérusalem, et nous lisons: "Tous furent alors remplis de l'Esprit-Saint et se mirent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit-Saint leur donnait de s'exprimer" (Actes 2, 4).
Le même jour, le témoignage des Apôtres est arrivé à des milliers de Judéens et d'autres Juifs qui étaient présents à Jérusalem lors de l'événement de la Pentecôte, venant de seize pays, nations ou régions du monde alors connu, à savoir le Moyen-Orient actuel, l'Afrique du Nord et l'Europe. Ce témoignage a été confirmé par Saint Pierre, le Coryphée des Apôtres, dans son premier discours, qui est le premier sermon chrétien et dans lequel il a affirmé: "C'est ce Jésus que Dieu a ressuscité; nous en sommes tous témoins" (Actes 2, 32).
La première communauté chrétienne a aussi donné témoignage d'abord par sa vie, comme Nous l'avons dit à propos de la communion, et dans la vie de l'Eglise à son berceau, de sorte que la vie de la première communauté était son témoignage. Nous savons tous ce qui était dit par les païens au sujet des premiers chrétiens d'Antioche: "Voyez comme ils s'aiment" (Tertullien, Apologie 39, 7¹).
Saint Luc écrit, dans les Actes des Apôtres: "Ils avaient la faveur de tout le peuple" (Actes 2, 47). De même, les miracles et prodiges accomplis par les Apôtres étaient un soutien à leur témoignage. Le courage remplissait le cœur des fidèles pour rendre témoignage malgré toutes les menaces. Le témoignage extérieur était toujours soutenu par la vision intérieure et fondé sur elle, comme nous lisons: "Nous ne pouvons pas, quant à nous, ne pas dire ce que nous avons vu et entendu" (Actes 4, 20). Et ensuite: "Ils annonçaient avec assurance la Parole de Dieu" (Actes 4, 31).
Et Saint Pierre de déclarer, au nom des Apôtres, devant le Grand Prêtre: "Et de ces choses nous sommes témoins, nous et l'Esprit-Saint que Dieu a donné à ceux qui Lui obéissent" (Actes 5, 32). Nous lisons aussi: "Chaque jour, au Temple et dans les maisons, ils ne cessaient d'enseigner et d'annoncer le Christ Jésus" (Actes 5, 42).
Après le martyre du premier diacre Etienne, "ce jour-là même, une violente persécution éclata contre l'Eglise de Jérusalem. Tous, à l'exception des Apôtres, se dispersèrent dans les campagnes de Judée et de Samarie" (Actes 8, 1). Malgré cela, "ceux-là donc qui avaient été dispersés parcoururent le pays en annonçant la Parole" (Actes 8, 4). Ainsi, la foi était transmise par le moyen du témoignage et par la catéchèse, comme dans le cas de Philippe avec l'eunuque éthiopien, pendant la première semaine après la Pentecôte (Actes 8, 26-40).
Saul, fils de Juifs de Tarse, allait à Damas en persécuteur, office qu'il exerçait en tueur, mais, ayant rencontré le Christ ressuscité aux portes de la ville, il est transformé, converti; devenu Paul, il a plus de courage, de force et d'enthousiasme que les autres Apôtres en rendant son témoignage et en propageant la foi chrétienne dans toutes les régions de l'Empire romain. Ayant quitté Damas, il se rendit à Jérusalem puis à Tarse (Actes 9, 25-30) et ensuite à Antioche. Ainsi l'Eglise ouvre ses portes aussi aux Gentils, aux païens et à toutes les nations, et la  première Eglise qui agit ainsi fut celle de la ville d'Antioche, qui était la capitale de la culture grecque et païenne, et où "pour la première fois les disciples furent appelés chrétiens" (Actes 11, 26).
Le livre des Actes des Apôtres continue l'histoire des actes, des paroles et des voyages de Saint Paul et de ses compagnons, qui annonçaient la Parole malgré les persécutions, les souffrances, les difficultés et les crises.
Ainsi Saint Paul proclame et rend témoignage devant les rois et les princes de l'Orient et de l'Occident jusqu'à son témoignage final – le martyre − à Rome, avec Pierre, le Coryphée des Apôtres.
Le livre des Actes des Apôtres se termine par ces mots, au sujet de Saint Paul, qui a eu droit au titre d'Apôtre des Nations: "Paul demeura deux années entières dans un logement qu'il avait loué. Il recevait tous ceux qui venaient le trouver, prêchant le Royaume de Dieu et enseignant ce qui concerne le Seigneur Jésus-Christ, en toute assurance et sans entrave" (Actes 28, 30-31).
Saint Paul décrit lui-même les difficultés qui ont entravé son témoignage de l'Evangile de Jésus-Christ dans sa Deuxième Epître aux Corinthiens: "Ministres du Christ? (Je vais dire une folie!) Moi, plus qu'eux. Bien plus par les travaux, bien plus par les emprisonnements, infiniment plus par les coups. Souvent j'ai été à la mort. Cinq fois j'ai reçu des Juifs les trente-neuf coups de fouet; trois fois j'ai été battu de verges, une fois lapidé; trois fois j'ai fait naufrage. Il m'est arrivé de passer un jour et une nuit dans l'abîme! Voyages sans nombre, dangers des rivières, dangers des brigands, dangers des païens, dangers de la ville, dangers du désert, dangers de la mer, dangers des faux frères! Labeur et fatigue, veilles fréquentes, faim et soif, jeûnes répétés, froid et nudité! Et sans parler du reste, mon obsession quotidienne, le souci de toutes les Eglises!" (2 Corinthiens 11, 23-28).
Saint Paul décrit aussi les difficultés que les Apôtres et les martyrs ont rencontrées à travers l'histoire du salut et il appelle les fidèles au témoignage en partant de leur foi et de leur défense de cette foi en Jésus-Christ. C'est ce que nous lisons dans l'Epître aux Hébreux:
"[Les prophètes] par la foi ont conquis des royaumes, pratiqué la justice, vu se réaliser des promesses, fermé la gueule des lions, éteint la violence des flammes, échappé au tranchant du glaive, triomphé de la maladie, montré leur vaillance à la guerre, mis en déroute les bataillons de l'étranger. Des femmes se sont vu rendre leurs morts ressuscités. Les uns se sont laissé torturer, refusant leur délivrance pour obtenir un bien meilleur, la résurrection; d'autres ont enduré les moqueries et le fouet, et même les fers et la prison; ils ont été lapidés, torturés, sciés, passés au fil de l'épée; ils ont mené une vie vagabonde, vêtus de peaux de brebis ou de toisons de chèvres, dénués de tout, persécutés, maltraités; hommes dont le monde n'était pas digne, errant dans les solitudes, les montagnes, les cavernes et les antres de la terre. Et cependant, malgré le témoignage rendu à leur foi, aucun d'eux n'est entré en possession de la promesse; car Dieu, qui nous réservait un sort meilleur, n'a pas permis qu'ils atteignent sans nous à la perfection finale" (Hébreux 11, 33-40).
Et encore: "Ainsi donc, environnés que nous sommes d'une telle nuée de témoins, rejetons, nous aussi, tout ce qui alourdit et le péché qui nous entrave, et courons avec constance dans la carrière qui s'ouvre devant nous, les yeux fixés sur l'initiateur et le consommateur de la foi, sur Jésus qui, dédaignant le bonheur qui s'offrait à Lui, a souffert la croix sans regarder à la honte, et siège désormais à droite du trône de Dieu" (Hébreux 12, 1-2).
Il est certain que nous sentons que ces paroles sont adressées à chacun de nous, les chrétiens d'aujourd'hui, surtout dans les pays arabes qui sont dans l'épreuve, en Syrie et ailleurs. Nous devons tous nous armer de la sainte foi, dans les circonstances difficiles par lesquelles nous passons tous, non seulement les chrétiens, mais aussi tous les citoyens à cause de ce qui se passe, du chaos et aussi du manque d'une vision réelle et d'une alternative vraie.
 
 
La communion et le témoignage dans l'Assemblée Spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des Evêques
 
 
Nous avons passé en revue la signification de la communion et du témoignage dans l'Ecriture Sainte, surtout dans les Actes des Apôtres, et nous avons vu comment ces deux thèmes sont liés dans l'expérience de l'Eglise primitive.
Maintenant, il est nécessaire de passer en revue la façon dont ces deux thèmes ont été traités dans l'Assemblée Spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des Evêques, soit dans les discours de Sa Sainteté le Pape, soit dans le message final et les conclusions et propositions qui ont été l'objet de votes par les Pères synodaux (Patriarches, Cardinaux, Evêques, etc.) et, en vérité, représentent la pensée de nous tous qui avons participé à l'Assemblée synodale.
Dans cette dernière partie de la présente lettre de Noël, Nous présentons également à notre Eglise le plan quinquennal que Nous avons élaboré et qui a été discuté par le Saint-Synode de notre Eglise patriarcale en juin 2011. A vrai dire, ce plan quinquennal est un résumé des résultats de l'Assemblée synodale d'octobre 2010 et du programme de travail qui est fondé sur les conclusions et orientations de cette même Assemblée synodale.
Le Saint Père a prononcé deux discours, le prermier à l'ouverture de l'Assemblée synodale (10 octobre 2010), et le second pour la clôture (24 octobre 2010). Nous lisons, dans le discours d'ouverture du Pape, que l'Eglise en Orient doit être unie dans la communion et le témoignage et que, à travers la communion et le témoignage, l'Eglise réalise l'économie divine du salut. Sa Sainteté dit aussi que, "sans communion, il ne peut pas y avoir de témoignage: le grand témoignage est précisément la vie de la communion", comme le Christ l'a dit: "A cela tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples: si vous vous aimez les uns les autres" (Jean 13, 35).
Dans son discours de clôture, le Saint Père a analysé les situations actuelles que vivent les chrétiens en général au Moyen-Orient et qui influent négativement sur la vie de la communion et sur la réalisation du témoignage de la foi chrétienne dans la société. Le Pape a dit: "Ma pensée va vers ces nombreux frères et sœurs qui vivent dans la région du Moyen-Orient et qui se trouvent dans des situations difficiles, parfois très lourdes, tant à cause des difficultés matérielles et du découragement, qu'en raison de l'état de tension et parfois de la peur. La Parole de Dieu nous offre aujourd'hui aussi une lumière d'espérance consolante".
Plus loin, le Pape a dit: "Aux chrétiens du Moyen-Orient peuvent s'appliquer les paroles du Seigneur Jésus: 'Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père s'est complu à vous donner le Royaume' (Luc 12, 32). En effet, même s'ils sont peu nombreux, ils sont porteurs de la Bonne Nouvelle de l'amour de Dieu pour l'homme, amour qui s'est justement révélé en Terre Sainte en la personne de Jésus-Christ. Cette Parole de salut, renforcée par la grâce des Sacrements, résonne avec une efficacité particulière dans les lieux où elle a été écrite, par Providence divine, et elle est l'unique Parole en mesure de rompre le cercle vicieux de la vengeance, de la haine, de la violence. D'un cœur purifié, en paix avec Dieu et avec son prochain, peuvent naître des résolution et des initiatives de paix au niveau local, national et international".
Plus loin, dans ce même discours, le Saint Père insiste sur l'importance des conditions nécessaires pour vivre la communion et le témoignage, à savoir la solution du conflit israélo-palestinien:
"Depuis trop longtemps au Moyen-Orient les conflits, les guerres, la violence et le terrorisme perdurent. La paix, qui est don de Dieu, est aussi le résultat des efforts des hommes de bonne volonté, des institutions nationales et internationales, en particulier des Etats les plus engagés dans la recherche d'une solution aux conflits. Il ne faut jamais se résigner au manque de paix. La paix est possible. La paix est urgente. La paix est la condition indispensable pour une vie digne de la personne humaine et de la société. La paix est également le meilleur remède pour éviter l'émigration du Moyen-Orient".
Plus loin, le Pape insiste sur une autre condition nécessaire pour vivre la communion et le témoignage, qui est la liberté dans toutes ses dimensions, laquelle est un droit naturel de chaque homme, quelle que soient sa religion et sa croyance. Le Saint Père dit à ce propos: "Une autre contribution que les chrétiens peuvent apporter à la société est la promotion d'une authentique liberté religieuse et de conscience, un des droits fondamentaux de la personne humaine que tout Etat devrait toujours respecter. Dans de nombreux pays du Moyen-Orient, la liberté de culte existe, alors que l'espace de la liberté religieuse est souvent très limité. Elargir cet espace de liberté devient un besoin afin de garantir, à tous ceux qui appartiennent aux différentes communautés religieuses, la véritable liberté de vivre et de professer leur propre foi. Un tel argument pourrait faire l'objet d'un dialogue entre les chrétiens et les musulmans, un dialogue dont l'urgence et l'utilité ont été réaffirmées par les Pères synodaux".
Nous voulons aussi rapporter ici ce qui a été dit dans le Message final au sujet de la communion et du témoignage. En effet, dans ce Message au Peuple de Dieu on voit l'expression des Pères synodaux, surtout les orientaux, sur ce sujet, qui est notre pensée et celle des Patriarches et des Evêques d'autres Eglises, sachant que c'est S.E.R. l'Archevêque Cyrille Bustros, de notre Eglise, qui a été le président de la commission chargée de la rédaction de ce Message.
Ce Message final s'adresse aux fidèles des Eglises du Moyen-Orient en insufflant en eux l'esprit d'une nouvelle Pentecôte et en renforçant leur énergie par cette expression: "Jésus nous dit: 'Vous êtes le sel de la terre, (...) la lumière du monde' (Matthieu 5, 13 et 14). Votre mission, bien-aimés fidèles, est d'être, par la foi, l'espérance et l'amour, dans vos sociétés comme le sel qui donne saveur et sens à la vie, comme la lumière qui illumine les ténèbres par la vérité, et comme le levain qui transforme les cœurs et les intelligences".
Ensuite, le Message contient un appel se rapportant aux différents éléments de la société: les paroisses, les éparchies, les prêtres, les religieux, les religieuses, les fidèles en général, les fils et les filles de nos Eglises, les familles chrétiennes (surtout les mères), les jeunes filles, les jeunes gens, les ouvriers et les ouvrières, ainsi que les responsables des instituts d'éducation, des œuvres sociales, de l'information, des groupes de prière, des mouvements d'apostolat et de jeunesse. Le Message remercie les responsables pour leur don et pour le témoignage de leur vie et de l'exercice de leurs responsabilités dans l'Eglise et dans la société.
Un passage du Message appelle à intensifier la communion et le témoignage, ainsi que l'union avec les Eglises orthodoxes et évangéliques: "Ensemble nous travaillons pour le bien des chrétiens, pour qu'ils restent, croissent et prospèrent. Nous sommes sur la même route. Nos défis sont les mêmes et notre avenir est le même. Nous voulons porter ensemble le témoignage comme disciples du Christ. C'est uniquement par notre unité que nous pouvons accomplir la mission que Dieu nous a confiée à tous, malgré la diversité de nos Eglises. La prière du Christ est notre soutien, et c'est le commandement de l'amour qui nous unit, même si la route vers la pleine communion reste encore longue devant nous".
Nous sommes heureux de renvoyer nos lecteurs à une application pratique de cette recommandation; c'est la proposition n°28 (§6) sur l'œcuménisme, qui invite à "œuvrer pour l'unification de la date de Noël et de Pâques", et cela, lit-on dans le Message, parce que nous avons "comme but ultime le témoignage commun à notre foi, le service de nos fidèles et de tous nos pays". Le Conseil des Patriarches Catholiques d'Orient a récemment fait écho à cette proposition de l'Assemblée Spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des Evêques par la Résolution n°3 de sa vingtième assemblée, réunie à Bkerké (Liban) du 14 au 17 novembre 2011: "Le Conseil recommande un sérieux effort pour unifier les dates de Pâques entre toutes les Eglises et pour trouver les moyens pratiques nécessaires en vue de répondre à cette pressante demande de tous les chrétiens, spécialement dans nos pays arabes, comme cela a été le cas en Egypte, en Jordanie et en Palestine".
Le Message mentionne aussi l'importance du travail commun, de la solidarité et du dialogue avec les Juifs pour un avenir meilleur de la Terre Sainte: "Nous espérons que ce dialogue puisse nous conduire à agir auprès des responsables pour mettre fin au conflit politique qui ne cesse de nous séparer et de perturber la vie de nos pays".
Plus loin, il y a un paragraphe qui attire l'attention sur les disputes et les discussions, invite à leur solution pacifique et rejette les positions théologiques négatives:
"Il est temps de nous engager ensemble pour une paix sincère, juste et définitive. Juifs et chrétiens, nous sommes tous interpelés par la Parole de Dieu. Elle nous invite à entendre la voix de Dieu 'qui parle de paix. J'écoute. Que dit Dieu? Ce que Dieu dit c'est la paix pour son peuple et ses amis' (Psaume 85, 9). Il n'est pas permis de recourir à des positions bibliques et théologiques pour en faire des instruments pour justifier les injustices. Au contraire le recours à la religion doit porter toute personne à voir le visage de Dieu dans l'autre, et le traiter selon les attributs de Dieu et selon ses commandements, c'est-à-dire selon la bonté de Dieu, sa justice, sa miséricorde et son amour pour nous".
Nous souhaitons que les pays répondent à cet appel, surtout étant donné que le Président palestinien a présenté une demande officielle au monde pour la reconnaissance de l'Etat palestinien à côté de l'Etat d'Israël. Nous voulons dire ici franchement que Nous refusons totalement l'expression "Etat juif". Nous considérons, très respectueusement, que cette orientation représente comme un suicide collectif. De plus, elle aide malheureusement au projet d'effriter la région en petits Etats confessionnels et favorise l'esprit de confessionnalité, de sectarisme et d'inimitié; cela ne sert personne dans la région, ni les Juifs, ni les musulmans, ni les chrétiens.
Le Message appelle aussi à l'entraide et au dialogue de la vie avec les concitoyens musulmans, comme un instrument supplémentaire pour la vie de la communion et du témoignage. En plus de ce que Nous avons dit auparavant au sujet de la solution du conflit israélo-palestinien, ce dialogue est une condition essentielle pour que les chrétiens puissent réaliser la devise de l'Assemblée Spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des Evêques sur la communion et le témoignage dans notre société arabe.
Au sujet du dialogue avec les musulmans, nous lisons dans le Message: "Nous disons à nos concitoyens musulmans: nous sommes frères et Dieu nous veut ensemble, unis dans la foi en Dieu et par le double commandement de l'amour de Dieu et du prochain. Ensemble, nous construirons nos sociétés civiles sur la citoyenneté, la liberté religieuse et la liberté de conscience. Ensemble, nous travaillerons pour promouvoir la justice, la paix, les droits de l'homme et les valeurs de la vie et de la famille. Notre responsabilité est commune dans la construction de nos patries. Nous voulons offrir à l'Orient et à l'Occident un modèle de convivialité entre les différentes religions et de collaboration positive entre les diverses civilisations, pour le bien de nos patries et celui de toute l'humanité".
Ce passage est prophétique et s'applique à toutes les requêtes raisonnables et logiques qui peuvent bien être le vrai programme pour toutes les manifestations, les révolutions et les exigences, au lieu de la terreur, de la haine, de la destruction, de l'effusion de sang et de la peur parmi les concitoyens, en exploitant la religion, l'esprit sectaire et le tribalisme.
Ce passage du Message est un écho de ce que Nous avons demandé et exigé des pays arabes dans une lettre que Nous avons adressée, à l'occasion de la fête du Fitr et de la fin du Ramadan, aux souverains et aux présidents des pays arabes, le 30 août 2011:
"Nous voulons formuler nos souhaits de bonne fête, pour le Fitr béni de cette année, comme un bouquet de considérations et de pensées inspirées par la situation douloureuse de nos pays arabes. Car, en tant que chrétiens arabes, enracinés dans ce monde arabe, nous sentons notre entière responsabilité face à ce monde arabe qui est notre monde. En effet, nous avons été, à travers notre longue histoire commune (1432 ans), solidaires de ce monde arabe et musulman; nous avons coopéré à sa fondation, à sa culture, à sa civilisation, à sa littérature, à sa poésie, à son arabité, et aussi à ses guerres.
"Tout cela jaillit de notre conviction du fait que nous sommes un seul corps, et 'si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui, et s'il se réjouit, tous les membres se réjouissent avec lui' (1 Corinthiens 12, 26). Comme dit le respectable hadith: 'Comme les croyants dans leur harmonie, leur miséricorde et leur compassion, de même le corps est uni. Quand un de ses membres souffre, c'est tout le corps qui s'empresse de l'aider en veillant sur lui avec anxiété'.
"Nous nous attendions à ce que, dans ces circonstances tragiques, le monde arabe bouge, à ce que les pays arabes et les pays musulmans convoquent plus d'un sommet, pour se pencher sur les douleurs et les aspirations de leurs peuples, et qu'il y ait une interaction avec les révolutions des générations montantes. Ensemble, ils auraient dû analyser les causes et les paramètres de ces révolutions, leurs dimensions, leurs buts, les risques et les chances qu'elles peuvent représenter pour nous tous, au lieu de laisser les forces étrangères, quelles que soient leurs intentions, s'immiscer dans nos affaires et nous dicter leurs idées (...).
"L'occasion est toujours présente, devant les responsables de notre monde arabe et musulman, de prendre sérieusement en considération tous les slogans qui ont retenti dans les places de nos capitales, de nos villes et de nos villages, de les recueillir et d'en faire un programme d'action commune, arabe, orientale – disons plus: islamo-chrétienne – pour un avenir meilleur de nos peuples et surtout de nos jeunes générations, qui ont envahi la rue arabe.
"Nous ne pouvons pas et nous n'avons pas le droit d'ignorer ces voix, ces slogans, ces revendications, quels qu'en soient les motifs et les raisons secrètes. Nous sommes convaincu de ce que notre monde arabe a besoin d'une révolution intellectuelle, spirituelle et sociale. Mais ce n'est pas selon la modalité que nous voyons sur les écrans de télévision par le biais des moyens de communication, depuis le début de cette année 2011. 
"Nous fondant sur notre foi et sur notre responsabilité en tant que Patriarche, possédant à la fois la nationalité syrienne et des passeports libanais, palestinien et égyptien, et chef spirituel d'une communauté qui s'est distinguée par sa position de loyauté, de fermeté et de persévérance vis-à-vis de la cause du monde arabe et surtout de la cause palestinienne, avec sincérité  et énergie Nous écrivons ce message.
"De même, Nous nous permettons de faire un bilan des questions et des problèmes qui ont émergé au cours de ces révolutions. Nous avons exprimé cela dans plusieurs articles et interviews télévisées, et dans des lettres envoyées aux souverains et présidents du mon e arabe, à plusieurs chefs d'Etat et de gouvernement d'Europe, des Amériques et d'Australie, ainsi qu'à des Cardinaux, Evêques et Présidents de Conférences Episcopales dans le monde catholique, à l'occasion de l'Assemblée Spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des Evêques, en octobre 2010.
"C'est à partir de notre foi en Dieu et dans la Patrie, de nos valeurs et de nos convictions spirituelles et nationales que Nous invitons nos frères et nos sœurs à travailler ensemble dans ces circonstances difficiles pour préserver notre unité nationale arabe et notre unité islamo-chrétienne, à surmonter cette épreuve et ces blessures, à œuvrer pour une société arabe civilisée dans laquelle disparaissent les différences sociales, confessionnelles et ethniques, et se réalisent tous nos espoirs de justice, d'égalité, de dignité et de liberté religieuse et individuelle, dans laquelle la corruption soit combattue, les campagnes soient développées, une société qui aide les pauvres et les victimes d'injustices, spécialement dans les campagnes et les zones défavorisées par la nature ou privées de modernisation.
"Il s'agit de travailler ensemble pour la réalisation de ce que requiert la réforme politique, sociale et familiale dans le monde arabe, proclamant notre solidarité avec lui, car nous l'aimons et voulons être les constructeurs d'une société meilleure dans laquelle prévale la civilisation de la paix, de la fraternité et de l'amour, entre les différentes et nombreuses confessions qui vivent côte à côte depuis des siècles.
"De la sorte, nous continuons la marche de notre convivialité, avec de nombreuses communautés et confessions qui vivent ensemble depuis des siècles et des siècles, entre chrétiens des différentes communautés et musulmans également des différentes communautés, comme c'est le cas dans tous les pays arabes.
"Ainsi nous donnerons au monde, après ces révolutions, un modèle unique – arabe, musulman et chrétien, oriental – qui aidera au dialogue entre le Proche-Orient et l'Occident, et entre l'Islam et le christianisme dans le monde entier. Il serait souhaitable que l'action des Etats pour l'application de ces droits soit comme une synthèse pour leur interaction avec les situations de leurs peuples croyants. Et cela devrait être le contenu d'une moderne Charte des Droit de l'Homme Arabe.
"Ainsi sera mis en pratique l'appel du Coran (Al-'Imran 3, 64) dans cette belle epression: "Venons à une parole commune". Et ainsi nous réaliserons l'appel et la prière de Jésus dans l'Evangile (Jean 17, 21): "Père, qu'ils soient un, pour que le monde croie!".
"Voilà le programme prometteur! Voilà le nouvel ordre! Voilà le nouveau Proche-Orient! Voilà l'avenir florissant que les pays arabes pourront réaliser, s'ils sont unis et solidaires. Voilà le véritable Road map pour réaliser les espoirs et les attentes des jeunes générations et des citoyens des différentes classes. Surtout, c'est le Road map pour réaliser la paix juste, durable et globale qui préparera la voie de la prospérité, du développement, de la souveraineté, de la liberté et de la dignité pour tous les peuples de la région".
Le Message synodal s'adresse aussi aux gouvernements et aux dirigeants politiques, surtout dans le monde arabe, leur demandant de réaliser l'égalité dans la citoyenneté, condition essentielle pour la convivialité, pour vivre la communion et le témoignage dans la société arabe à majorité musulmane:
"Nous apprécions les efforts que vous déployez pour le bien commun et le service de nos sociétés. Nous vous accompagnons de nos prières et nous demandons à Dieu de guider vos pas. Nous nous adressons à vous au sujet de l'importance de l'égalité entre les citoyens. Les chrétiens sont des citoyens originels et authentiques, loyaux à leurs patries et s'acquittant de tous leurs devoirs nationaux. Il est naturel qu'ils puissent jouir de tous les droits de la citoyenneté, de la liberté de conscience et de culte,  de la liberté dans le domaine de l'éducation et de l'enseignement
et dans l'usage des moyens de communication".
Le Message encourage les responsables à œuvrer pour la paix: "Nous vous demandons de redoubler d'efforts que vous déployez pour établir une paix juste et définitive dans la région, et pour arrêter la course à l'armement, ce qui mènera à la sécurité et à la prospérité économique, arrêtera l'hémorragie de l'émigration qui vide nos pays de ses forces vives. La paix est un don précieux que Dieu a confié aux hommes et ce sont les 'artisans de paix qui seront appelés les fils de Dieu' (Matthieu 5, 9)".
Le Message s'adresse aussi à la communauté internationale avec des expressions claires et définitives au sujet de la question palestinienne. Ce passage du Message exprime aussi la vision du Pape, du Saint-Siège, des Patriarches, des Evêques et de l'ensemble de l'Eglise Catholique au sujet de la cause palestinienne et pour soutenir les droits du peuple palestinien:
"Les citoyens des pays du Moyen-Orient interpellent la communauté internationale, en particulier l'O.N.U., pour qu'elle travaille sincèrement à une solution de paix juste et définitive dans la région, et cela par l'application des résolutions du Conseil de Sécurité et la prise de mesures juridiques nécessaires pour mettre fin à l'occupation des différents territoires arabes.
"Le peuple palestinien pourra ainsi avoir une patrie indépendante et souveraine et y vivre dans la dignité et la stabilité. L'Etat d'Israël pourra jouir de la paix et de la sécurité au-dedans des frontières internationales reconnues. La Ville Sainte de Jérusalem pourra obtenir le statut juste qui respectera son caractère particulier, sa sainteté et son patrimoine religieux, pour chacune des trois religions juive, chrétienne et musulmane. Nous espérons que la solution des deux Etats devienne une réalité et ne reste pas un simple rêve".
Nous arrivons à la fin de ce Message, que Nous avons signé en tant que Patriarche, et Nous nous adressons, par ce texte très beau et encourageant su sujet de la communion et du témoignage, à tous ceux et toutes celles qui liront cette lettre, spécialement à nos frères les Hiérarques membres de notre Saint-Synode, aux communautés religieuses masculines et féminines, aux prêtres et à tous nos enfants partout dans le monde, en leur disant:
"En conclusion, Frères et Sœurs, nous vous disons avec l'Apôtre Saint Jean dans sa Première Epître: 'Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie – car la vie s'est manifestée: nous l'avons vue, nous en rendons témoignage et nous vous annonçons cette Vie éternelle, qui était tournée vers le Père et qui nous est apparue – ce que nous avons vu et entendu, nous vous l'annonçons, afin que vous aussi soyez en communion avec nous. Quant à notre communion, elle est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ' (1 Jean 1, 1-3).
"Cette vie divine, qui s'est manifestée aux Apôtres il y a deux mille ans dans la personne de Notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, de laquellel'Eglise a vécu et à laquelle elle a témoigné au cours de son histoire, demeurera toujours la vie de nos Eglises au Moyen-Orient et l'objet de notre témoignage. Soutenus par la promesse du Seigneur: "Voici que je suis avec vous, pour toujours, jusqu'à la fin du monde" (Matthieu 28, 20), nous poursuivons ensemble notre chemin dans l'espérance, 'et l'espérance ne déçoit pas parce que l'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné'(Romains 5, 5)".


      

Orientations pratiques: le Plan quinquennal
 

 
Nous arrivons, dans cette lettre, à la partie qui se rapporte à la pratique de la communion et du témoignage, trecommandée par l'Assemblée Spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des Evêques dans la proposition n°43, intitulée "Suivi du Synode". Nous y lisons: "Les Eglises ayant participé au Synode sont appelées à prendre les moyens d'assurer le suivi du Synode, en collaboration avec le Conseil des Patriarches Catholiques d'Orient et les structures officielles des Eglises concernées, et à impliquer plus les prêtres, les experts laïcs et religieux".
En partant de cette recommandation et pour répondre à notre responsabilité en tant que Patriarche, Père et Chef de l'Eglise Grecque-Melkite Catholique, Nous avons essayé de réunir ensemble et de résumer les propositions de l'Assemblée synodale et ses orientations dans un projet complet, et Nous avons lancé ce titre de "Plan quinquennal", que Nous avons proposé au Saint-Synode de notre Eglise en juin 2011. Nous considérons que ce Plan quinquennal est un document d'orientation pratique pour notre travail pastoral et notre service ecclésial dans les différents secteurs de la vie de notre Eglise, de sorte que nous puissions nous en inspirer pour un programme d'action sous différents aspects.
Il contient beaucoup d'indications utiles et pratiques pour que nous puissions vivre notre communion et notre témoignage dans nos éparchies, dans nos paroisses et dans notre société, et cela sur un parcours des cinq ans à venir. Nous proposons que l'on tienne une assemblée éparchiale dans chacune de nos éparchies, dans les pays arabes et dans les pays d'émigration, qui aurait comme thèmes les sujets proposés par ce Plan quinquennal. Ainsi, l'Assemblée synodale d'octobre 2010 restera vivante et active dans notre Eglise.
Nous voudrions nous contenter de mentionner ce Plan quinquennal et Nous voudrions le joindre comme un appendice à cette lettre de Noël pour cette année. Nous croyons que  l'adoption de ce plan quinquennal serait une application anticipée du thème du Synode général qui aura lieu en octobre 2012, comme Nous l'avons mentionné au début de cette lettre, sur la "nouvelle évangélisation".
Maintenant, nous voudrions citer un bref passage de la conclusion des Lineamenta sur la "nouvelle évangélisation", à titre d'anticipation de ce thème:
"En venant parmi nous, Jésus-Christ nous a communiqué la vie divine qui transfigure la face de la terre, faisant l'univers nouveau (cf. Apocalypse 21, 5). Sa Révélation nous a impliqués non seulement en tant que destinataires du salut qui nous a été donné, mais aussi comme ses annonceurs et ses témoins. (...)
"Nouvelle évangélisation ne signifie pas nouvel Evangile, car 'Jésus-Christ est le même hier et aujourd'hui, il le sera à jamais' (Hébreux 13, 8). Nouvelle évangélisation signifie: une réponse adéquate aux signes des temps, aux besoins des hommes et des peuples d'aujourd'hui, à tous les scénarios qui dessinent la culture à travers laquelle nous révélons nos identités et nous cherchons le sens de nos existences. Nouvelle évangélisation signifie donc promotion d'une culture enracinée plus en profondeur dans l'Evangile: cela signifie découvrir l'homme nouveau qui est en nous grâce à l'Esprit que nous ont donné Jésus-Christ et le Père. (...)
"C'est pourquoi nous devons affronter la nouvelle évangélisation avec enthousiasme. Apprenons la joie douce et réconfortante d'évangéliser, aussi lorsque l'annonce semble ne semer que des larmes (cf. Psaume 126, 6) (...).
"Et que le monde de notre temps qui cherche, tantôt dans l'angoisse, tantôt dans l'espérance, puisse recevoir la Bonne Nouvelle, non d'évangélisateurs tristes et découragés, impatients ou anxieux, mais de ministres de l'Evangile dont la vie rayonne de ferveur, qui ont les premiers reçu en eux la joie du Christ, et qui acceptent de jouer leur vie pour que le Royaume soit annoncé et l'Eglise implantée au cœur du monde".
A la fin de cette lettre, Nous voulons nous adresser, avec beaucoup d'amitié et d'affection, à nos confrères les Hiérarques et à nos enfants, les prêtres, les moines, les moniales, les consacrés hommes et femmes, et tous les laïcs, en ces temps difficiles que vit notre monde arabe, pour leur dire encore une fois: n'ayez pas peur! Nous croyons que la peur vient d'un manque de foi et de charité. Si nous nous aimons les uns les autres, nous n'aurons pas peur; si nous avons une foi forte, nous n'aurons pas peur, bien qu'il y ait des choses qui peuvent faire peur. Nous disons toujours, comme Sa Sainteté le Pape Benoît XVI: là où est Dieu, là est l'avenir, et s'il n'y a pas Dieu, il n'y a pas d'avenir.
Ce sont nos souhaits, que Nous adressons à tous nos enfants, surtout à ceux qui souffrent, en Syrie, en Irak, en Palestine, en Egypte, en Libye et dans tous les autres pays arabes, notamment au Liban, où nous avons une présence importante.
A tous, bonne et heureuse fête de Noël et bonne année 2012, qui soit vraiment le printemps du monde arabe, un printemps qui a son avenir en Dieu, incarné pour nous, nouvelle Créature pour nous renouveler et renouveler notre terre.

 
                                    + Gregorios III
                                    Patriarche d'Antioche et de tout l'Orient,
                                    d'Alexandrie et de Jérusalem